l’économie dé-couple

Je mets de coté. Je t'épargne.[...] Des amis qu'on met à la porte. De nos amours qu'on laisse sur le carreau.[...] Je me mets de coté. Et te le fais payer
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Je mets de côté.
J’épargne pour éviter ton égratignure.
De la montée.
En puissance.
Des dépenses courantes.
Des emprises.
Électriques.
Qui fusent à tout va.
Qui cisaillent nos airs.
Je plafonne.
Ambiance !

Et des ponctions taxées au rien qui vient.
À couper au couteau.
Derrière notre dos.
Des charges qui sucent nos moelles épineuses.
Et de la chute.
Incessante.
De la bandaison.
De crémaillère.
Des amis.
Qu’on met à la porte.
De nos amours.
Qu’on laisse sur le carreau.
Des barreaux.
Des cœurs.
De nos entrées.

J’épluche les factures.
Et gratine les fractures qui brûlent.
Je les refais tourner.
À la broche.
Remets une couche de chapelet.
Et tente de refaire une fourchette.
Des dos de cuillères.
Pour caresser au poil.
Ta chair qui se déplume.

Il nous reste des économies.
Des transferts affectés.
Qui foisonnent nos alentours.
Désinfectés.
Aller voir ailleurs.
Si un autre y est.
Pour t’y retrouver.
Et s’endetter du crédit que je contracte.
Sans ton aval.
Du mensonge.
À contre cœur.
Que je fais passer.
En douce.
Coûte que coûte.

Alors je croule sous le ciment qui se durcit.
Des dettes de tue-têtes.
Que j’essaie d’ensevelir.
Dans les entrailles de nos fosses.

Et des fossés qui nous tiraillent.
Combattants.
Qui fusillent à tout bout de champ.
La longueur d’avance de nos jardins.
Au vert.
Violés de secrets.
À découvert sur l’étendoir.
De nos corps étendus.
Cartes de crédit sur table.
Qui nous mettent dans le rouge.

Alors on rabâche les mêmes vieux sermons.
À se rappeler les vœux de serments.
Qu’on se ment si bien de vérité.
Imperméable.
Impénétrables.
Sont nos voix.
Stridentes.

Alors on se ressaisit.
On abat le jour à travailler comme des bêtes.
On éteint la nuit à écorner nos en-têtes.
On resserre la visse.
Pour reboucher les trous.
Et on crève de vices.
De sévère-tuer.
L’autre.

Alors je racle les fonds de tiroirs.
De ta gorge nouée sous le couteau.
Des lettres de chiffres recommandées.
Qui saisissent de rendre des comptes.
À la cour.
Que l’on ne se fait plus. De ce qui m’en coûte.
Et je le paierai.
De ma chaire.
Et tendre.

Alors je vais gratter.
À droite à gauche.
Au gré du hasard.
Au regret des jeux qui se rayent.
Du revers de la médaille.
La monnaie courante.
Noyée des fonds de poches.
Vides.

Alors je resserre la ceinture.
Pour ne plus dégrafer.
Ce que je n’ai plus sous le nombril.
Du monde de bourses pleines.
À craquer.
Muselées.

Alors on ferme les vannes.
En panne.
Pour ouvrir d’autres comptes.
Que l’on se rend.
En banque.
On pleure dans leurs sourires.
Pour recouvrir la terre qui couvre, Ô déjà ! Les pieds.
Qui creusent.
La dette de nos morts.

Ainsi, je te mets de côté.
Pour remplir les porte-feuilles.
De nos portes blindées. À double tour.
Du lambeau de nos crépis. Dorées des pilules.
Des lendemains qu’on fait passer.
De nos murs de garde.
Clôtures des prochaines années.
Des briques qui isolent.
Dans lesquelles on s’est promis de vivre.
Et d’en finir.
Et tirer peut-être.
L’aiguille.
Du lot.
Et son épingle.
Du je.

Et se le faire payer.

l’économie dé-couple

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